Emma
EAN13
9782352871224
ISBN
978-2-35287-122-4
Éditeur
Archipoche
Date de publication
Collection
Archipoche
Nombre de pages
530
Dimensions
17,9 x 11,2 x 3,4 cm
Poids
310 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais
Code dewey
850
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Titre original : Emma

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eISBN 978-2-3528-7427-0

Copyright © L'Archipel, 1997, pour la traduction française.

Avant-propos

Jane Austen commence à écrire à l'âge de douze ans. En 1795, dans sa vingtième année, elle regroupe en trois tomes manuscrits les courts romans, les poèmes et les pièces de théâtre qu'elle a composés jusqu'alors. C'est à la suite de ce long apprentissage qu'elle écrit le premier jet des grands romans qui seront publiés à partir de 1811, quand elle sera enfin parvenue à la maîtrise de son art.

Emma, qui paraît fin décembre 1815, est publié dès 1816 à New York, puis en France, dans une édition sans nom d'auteur intitulée La Nouvelle Emma ou les Caractères anglais du siècle. Dans l'avertissement qui précède le texte, l'éditeur ou le traducteur précise : « La Nouvelle Emma n'est point, à proprement parler, un roman ; c'est un tableau de mœurs du temps. Les Français qui ont fait quelque séjour en Angleterre y reconnaîtront les coutumes, les habitudes et les manières des petites villes, ou de ce qu'on appelait jadis chez nous la province. »

Dans Emma, Jane Austen met en effet en scène ses contemporains. Les protagonistes appartiennent à la petite noblesse terrienne et à la bourgeoisie montante. Par leur rythme de vie, leur comportement en société et leur idéal, qui reste celui de l'honnête homme, les héros se rattachent encore, à nos yeux, à l'Ancien Régime. Toutefois, ils évoluent dans la campagne idyllique de Surrey, à quelque vingt-cinq kilomètres au sud-ouest de Londres – non loin du château de Hampton Court. Leurs privilèges ne sont pas remis en question par les paysans ou les domestiques comme c'était le cas sur le continent une génération plus tôt. On n'entend pas de Figaro dire ses quatre vérités à son maître, comme dans les comédies de Beaumarchais, ni de Leporello affirmer, comme dans le Don Giovanni de Mozart : « Je veux être gentilhomme et ne plus jamais servir. » Mais l'Angleterre est encore peu peuplée.

La langue dans laquelle s'exprime les personnages d' Emma est celle des classes cultivées du sud de l'Angleterre, le received standard, c'est-à-dire l'anglais le plus pur, dont les tournures et la prononciation sont proposées en exemple par le dictionnaire d'Oxford. Pour mieux saisir les moindres nuances du texte, les spécialistes se reportent, depuis une dizaine d'années, au dictionnaire établi par Samuel Johnson entre 1747 et 1755, aux romans contemporains et au dictionnaire des synonymes du poète George Crabbe, qui vivait au temps de Jane Austen.

Le glissement de sens des mots et des expressions a suivi une évolution parallèle en français. Pour prendre un exemple, si les adjectifs aimable ou joli se sont affaiblis, animé signifie bien toujours, entre autres, « plein de vivacité », mais il ne suppose plus l'idée de faire un effort sur soi-même pour être agréable et bien accepté en société.

C'est cette richesse même de nuances qui permet pourtant de comprendre combien Jane Austen est un grand écrivain. Elle l'est par l'écriture, qui s'apparente à la tradition du XVIIIe siècle par la clarté de l'expression, la richesse du vocabulaire, la progression des paragraphes et les commentaires ironiques de l'auteur ; elle l'est aussi par la peinture de caractères. On songe souvent à Marivaux.

Bien que la première édition d'Emma n'ait été tirée qu'à deux mille exemplaires et que douze cent cinquante se soient vendus la première année – à vingt et un shillings les trois tomes –, le livre a obtenu un succès plus important qu'il n'y paraît grâce aux bibliothèques de prêt. Jane Austen s'en était inquiétée : « Je suis hantée par l'idée que les lecteurs qui ont aimé Orgueil et Préjugés le trouvent moins spirituel, et ceux qui ont apprécié Mansfield Park, inférieur sur le plan du bon sens. » Sa famille est alors, elle aussi, divisée, mais son frère Frank déclare préférer ce livre aux précédents « pour son air particulier de nature » – la façon dont elle rend l'expérience vécue.

Nombreux sont ceux qui, aujourd'hui encore, tiennent Emma pour « le livre des livres », le plus grand des romans de Jane Austen. Ce qui les séduit d'abord, c'est l'évocation de la campagne anglaise. Les contemporains ont appris à admirer le paysage grâce aux Ballades lyriques (1798) de Wordsworth, en particulier, et Jane Austen a lu quelques textes de Jean-Jacques Rousseau. La comédie dont Emma est l'héroïne se déroule au début de la période romantique. Les personnages évoluent, pour l'essentiel, dans le triangle que forment trois propriétés : le manoir du père d'Emma, proche de Highbury, celui de l'abbaye de Donwell, où vit Mr Knightley, le beau-frère par alliance de l'héroïne, et Randalls, une maison plus modeste où habitent leurs amis – à partir de la première page du roman –, Mr et Mrs Weston. L'action se déroule sur une année, d'octobre à octobre. Les déplacements ont souvent lieu à pied, sauf en hiver et le soir, où l'on attelle les voitures. À partir de juin, les sorties sont collectives. Tous les personnages se voient presque chaque jour.

Pour décrire le bourg de Highbury, Jane Austen nous offre une véritable scène de genre, digne de la peinture hollandaise. Un matin, Emma attend son amie Harriet à la porte d'une boutique, Ford's. Elle voit défiler dans la rue une grande partie de la communauté : le médecin s'en va en visite, l'avoué ouvre son étude, un attelage prend de l'exercice, un coursier passe sur une mule rétive, le boucher porte un plateau, une vieille dame digne revient de faire ses courses avec un panier plein, deux chiens se disputent un os et une ribambelle d'enfants, le nez collé contre la vitrine d'une boulangerie, contemplent des pains d'épices.

Les visions de la campagne sont plus amples. Elles évoquent les paysages que peint alors, un peu plus au nord, John Constable, avec de grands ciels où courent les nuages. Ainsi, au sortir d'une allée de tilleuls de l'abbaye de Donwell, Emma et ses amis découvrent un vaste panorama: le coteau abrupt qui domine l'abbaye, une berge de la rivière, couronnée de bois, et à son pied, dans un méandre, une ferme, ses grasses prairies, ses troupeaux et ses vergers fleuris : « On jouissait tout à la fois de la verdure, des cultures et d'une tranquillité propres à l'Angleterre, et cela sous un beau soleil dont les rayons et la chaleur restaient cependant supportables » (page 397). L'intérieur de la ferme a été décrit par Harriet au début du roman, avec ses vaches laitières de bonne race.

Frank Austen se moquera gentiment de sa romancière de sœur en lui demandant où elle a pu voir des vergers de pommiers en fleur à la fin du mois de juin. C'est peut-être la seule erreur de l'auteur.

La sortie de l'abbaye, au cours de laquelle les amis d'Emma cueillent des fraises, et le pique-nique où ils se retrouvent le lendemain sont prétextes à de solides repas. Les critiques ont consacré des chapitres entiers à l'importance de la nourriture dans Emma (Maggie Lane, Jane Austen and Food, Londres, Cambridge University Press, 1995).

Le livre s'ouvre sur la distribution d'un riche gâteau de mariage. Par la suite, de soupers en repas froids, les convives se partagent des huîtres chaudes, des ris de veau aux asperges, du gigot d'agneau, des pâtés de pigeon, des pommes au four, des cakes en tout genre, des fromages de Stilton et du Wiltshire, arrosés de vin de madère ou de sapinette – une bière aux bourgeons de sapin. Les malades se contentent de bouillon, de gruau « léger, mais pas trop clair » ou d'aowroot. Jane Austen ne se limite pas aux énumérations : elle souligne les rapports entre les éléments et la psychologie des personnages. Ainsi, quand Frank Churchill arrive de mauvaise humeur à Donwell, c'est Emma qui l'accueille : « Il y a des gens qui réagissent toujours ainsi à la grosse chaleur. Telle était peut-être sa constitution, et, comme elle savait que manger et boire faisaient souvent disparaître ces occasionnels mal...
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