Le Ku-Klux-Klan
EAN13
9782035845801
ISBN
978-2-03-584580-1
Éditeur
Larousse
Date de publication
Collection
Mystères
Nombre de pages
256
Dimensions
17,5 x 12,5 cm
Poids
320 g
Langue
français
Code dewey
322.42
Fiches UNIMARC
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Le Ku-Klux-Klan

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Mystères

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PREMIÈRE PARTIE

LA LONGUE MARCHE

DU KLAN

Chapitre I

Les fantômes de la Confédération

Les origines du nom « Ku Klux Klan » sont longtemps restées mystérieuses. Négligeant des sources de première main, les chroniqueurs ont fourni durant des générations les explications les plus fantaisistes. Pour certains, le nom de la société secrète n'aurait été que l'onomatopée du claquement métallique produit par le verrouillage d'un fusil à répétition. Pour d'autres, il proviendrait de la déformation de Clocletz, chef légendaire de la tribu des Catawba dont le fantôme, d'après la tradition orale, aurait jadis rôdé dans les bois de l'Alabama et de la Géorgie pour terroriser les esclaves marrons. On a également prétendu que le mot latinlux, qui signifie « lumière », aurait servi de support linguistique et renvoierait à la pratique d'incendier des croix lors des cérémonies nocturnes. Enfin, une autre explication a prévalu selon laquelle Ku Klux Klan n'aurait en fait aucune signification et qu'il n'aurait été qu'une feinte pour masquer le sens de ses initiales : KKK voudrait ainsi direKill ! Kill ! Kill !(« Tuez ! Tuez ! Tuez ! »).

D'où vient le nom du Ku Klux Klan ?

Aucune de ces interprétations n'est exacte. On doit à l'un des fondateurs du Klan, John C. Lester, un récit particulièrement vivant de l'acte de fondation de l'organisation.

Dimanche 6 mai 1866. La nuit vient de tomber sur la petite ville de Pulaski, chef-lieu du comté de Giles, dans le Tennessee méridional. Tandis qu'une légère brise balaie les paysages boisés et vallonnés de la contrée, un clair de lune particulièrement scintillant vient bientôt illuminer le ciel. En milieu de soirée, les rues de la localité sont désertes. Rien de surprenant en ce jour de grâces. Et pourtant, quelques ombres se faufilent de-ci de-là, bien décidées à ne pas attirer l'attention. Prenant mille précautions, cinq individus s'approchent du cabinet juridique de Thomas M. Jones, l'un des membres les plus éminents du barreau de l'État. La porte ne tarde pas à s'entrouvrir. La réunion secrète à laquelle ils ont été conviés peut enfin commencer.

Ce soir-là, les participants sont en comité réduit. Ils ne sont que six. En l'absence de son père, Calvin Jones a invité cinq de ses compagnons à se joindre à lui pour mettre au point un projet envisagé depuis Noël dernier. L'objet de leur réunion est de fonder les statuts d'une société secrète, d'un cercle privé et restreint calqué sur le modèle des fraternités étudiantes. S'ils ont l'intention d'entourer leur association de mystère, les six hommes n'ont en revanche rien à se cacher les uns aux autres. Natifs des environs de Pulaski, ces jeunes adultes se connaissent depuis leur plus tendre enfance. D'origine écossaise, ils sont tous issus de bonne famille, ont chacun reçu une éducation soignée dans des établissements supérieurs et coulent ensemble des jours paisibles dans l'oisiveté. Mais un autre lien vaut davantage à leurs yeux. Les Tennessiens sont d'anciens frères d'armes. Pendant presque quatre ans, ils ont porté l'uniforme gris de la Confédération au cours de la guerre de Sécession qui a opposé les États du Nord à ceux du Sud. Au moment de l'appel aux armes, la petite bande s'était jetée dans l'action avec ardeur. James Crowe, John Lester, Calvin Jones et John Kennedy avaient gagné au feu leurs galons d'officier. Ce dernier avait été trois fois blessé au combat. À des grades inférieurs, Frank McCord et Richard Reed avaient eux aussi participé aux plus sanglantes batailles du conflit. Les six soldats en haillons avaient été démobilisés après la reddition du général Lee en avril 1865. Désœuvrés, ceux-ci n'avaient cessé depuis leur retour à la vie civile d'égrener leurs exploits, de rendre hommage à leurs camarades tombés au champ d'honneur et de cultiver le mythe de la « cause perdue ». Mais, en cette soirée du printemps 1866, les Pulaskiens avaient une tout autre idée en tête en se réunissant.

À peine la réunion a-t-elle commencé que la conversation s'anime entre les jeunes vétérans. La décision est prise de scinder le groupe en deux comités. Tandis que l'un choisirait un nom approprié, l'autre réfléchirait aux règlements, titres et activités de la nouvelle organisation. Après de courtes délibérations, chacun rend ses conclusions. Dans l'enthousiasme général, les débats se cristallisent d'abord autour de l'appellation à donner à la société secrète.

L'idée est de trouver un nom qui serait à la fois original, facile à retenir et qui exciterait la curiosité du public. En un mot, le mystère devait rester entier. Après avoir écarté de nombreuses propositions, mal adaptées ou peu originales, la décision est prise de recourir au vocable grec. Ancien élève de l'université du Kentucky, John Kennedy lance alors le motKuklos, qui signifie « cercle » ou « anneau », sans doute en référence auKuklos Adelphôn(« Cercle des frères »), une célèbre fraternité étudiante fondée en Caroline du Nord en 1812. Les esprits de ses camarades s'enflamment en raison des possibilités allitératives du terme et de la part de mysticisme qu'il contient. La situation se décante lorsque James Crowe émet l'idée de scinderKuklosen deux, de remplacer leopar unupour créer une assonance, puis de changer la lettre finale enx, de manière à obtenirKu Klux. John Lester apporte lui-même la touche finale. Ayant rappelé que tous les membres fondateurs sont d'origine écossaise, il suggère d'ajouter le mot « clan », mais que l'on écriraitKlanpour renforcer l'allitération. La combinaison est plébiscitée à l'unanimité. LeKu Klux Klanvient de naître.

En quête d'aventures

La suite des débats suscite autant d'excitation, sinon davantage. Il s'agit en effet de définir les cadres, les statuts et les objectifs de la confrérie. Sur ce dernier point, les Pulaskiens n'ont aucun mal à se mettre d'accord. Le Ku Klux Klan se donne pour but de divertir ses membres et de resserrer les liens de camaraderie qui les unissent par un esprit de caste et un rituel secret. Un tel dessein ne saurait surprendre. Depuis qu'ils ont regagné leurs foyers, les six anciens soldats de la Confédération s'ennuient ferme et cherchent un dérivatif à la vie monotone qu'ils mènent aux confins du Tennessee. Rongés par l'inactivité, ils se rattachent au souvenir brûlant de leur dévouement pour la cause du Sud. Aussi aspirent-ils tout autant à rompre l'ennui qu'à trouver une nouvelle distraction susceptible de les délivrer du goût amer que leur a laissé la défaite. Pour atteindre ce but, les compères fixent le programme des réjouissances. Ils conviennent d'échanger des facéties en tous genres, de monter des canulars et de procéder à d'étranges mascarades nocturnes. Eux-mêmes se parent de titres fantaisistes et impressionnants. Frank McCord est le « Grand Cyclope » du Ku Klux Klan, John Kennedy le « Grand Mage » et James Crowe le « Grand Turc ». Leurs compagnons ne sont pas en reste. Calvin Jones et John Lester sont élevés au rang de « Faucons de la Nuit », tandis que Richard Reed reçoit celui de « Licteur ». La petite bande, quant à elle, porte le surnom des « Six Immortels ». Ce n'est pas tout. Pour entourer le cercle d'un voile plus épais de mystère, deux décisions importantes sont prises. D'abord celle de ne pas solliciter de candidatures, le secret des initiés devant permettre à l'organisation et à ses membres de garder l'anonymat et d'éviter toute poursuite ou récupération. Seuls quelques amis de confiance, sondés au préalable, pourraient se joindre à eux s'ils le désiraient. Encore faudrait-il agir avec prudence pour que l'état d'esprit qui a présidé à la naissance du groupe ne soit jamais trahi. En outre, sur une idée de Crowe, les Tennessiens s'entendent pour revêtir des déguisements lors de leurs réunions et de leurs déplacements. Si l'habillement n'est pas encore défini, l'intention est claire. Des tenues originales et uniformes, agrémentées de broderies et de divers signes distinctifs, doivent renforcer le sentiment d'appartenance à une société quasi fraternelle. Des masques doivent préserver l'identité de chacun durant les apparitions publiques. Bien qu'il constitue une société secrète, le Ku Klux Klan n'...
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