Floris, 4, Les amants du Mississipi
EAN13
9782352871217
ISBN
978-2-35287-121-7
Éditeur
Archipoche
Date de publication
Collection
Romans français (4)
Séries
Floris (4)
Nombre de pages
497
Dimensions
18 x 11,3 x 3,2 cm
Poids
294 g
Langue
français
Code dewey
843
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4 - Les amants du Mississipi

De

Archipoche

Romans français

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Et, pour le Canada, à
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Montréal, Québec, H3N 1W3.

eISBN 978-2-3528-7429-4

Copyright © Archipoche, 2009.

Première partie

Les nuits de La Nouvelle-Orléans

1

— Achetez une médaille miraculeuse messeigneurs... le bon saint Fiacre vous apportera bonheur et prospérité !

La vieille marchande offrait la quincaillerie de son étal. Un écu de cuivre rouge tomba dans sa main.

— Merci monseigneur... Hé là ! Monseigneur... Monseigneur, n'oubliez pas votre médaille... drôles de paroissiens !

La femme haussa les épaules. Son regard suivit un instant le petit groupe qui se frayait un passage dans la rue de Conti.

Deux jeunes hommes à la belle prestance avançaient les premiers. Des dominos noirs étaient négligemment jetés sur leurs habits de cour. Pourtant, la démarche nerveuse de ces gentilshommes attestait d'une vie menée plus souvent sur les champs de batailles que dans les salons à la mode. L'un d'eux était un homme superbe dont la tête altière dépassait la foule de quelques pouces. Il semblait agacé au plus haut point par le port d'une perruque poudrée. Son compagnon, légèrement plus petit, possédait un air calme et doux qui reflétait une grande sagesse intérieure. Ils étaient tous deux suivis d'un colosse au sabre recourbé et d'un Chinois dont la longue natte balançait au rythme de ses pas.

Les quatre compagnons marquèrent un temps d'arrêt au carrefour de la rue Bienville, avant de s'engager dans la rue Royale.

Ils regardaient avec amusement le spectacle qui se déroulait sous leurs yeux. Malgré la chaleur moite, tavernes et bouges se remplissaient d'une faune hirsute venue de la forêt pour le Mardi gras tandis que dames et gentilshommes, vêtus de broché, se dirigeaient vers la rue du Quay, face au fleuve.

En ce début de soirée, La Nouvelle-Orléans bourdonnait d'énervement : Le marquis et la marquise Rigaud Cavaignol de Vaudreuil donnaient un bal masqué pour les gens de qualité. On s'était arraché les invitations à prix d'or.

La fortune considérable du nouveau gouverneur permettait à son épouse de mener un train fastueux. Toute la colonie béait d'admiration devant le carrosse à quatre chevaux que la marquise avait fait venir, à grands frais, de Versailles. À part quelques rares chaises à porteurs ou cavaliers, tout le monde, du croquant au seigneur, allait à pied dans la ville. Cris et exclamations fusaient de toutes parts.

— Laissez passer mon paton...

— Ti mi donne le chemin...

— Vilain chien ! Sale cochon !

Les esclaves en cotonnade faisaient un bruit d'enfer. Ils précédaient à grands cris leurs maîtres dans les rues couvertes de poussière jaunâtre.

— Place... place pou note maîtesse !

Deux grands porte-flambeaux marchaient d'un air pompeux. Ils ouvraient le chemin à une « chaise » portée par de superbes Noirs vêtus de satin vert. Le petit groupe des quatre hommes s'écrasa contre une maison basse en planches de cyprès, pour laisser le passage. Les rideaux de la chaise étaient tirés.

Le colosse au sabre recourbé plissa un visage déjà couturé de terribles cicatrices.

— Quel vacarme font ces moricauds ! Vos Hautes Noblesses désirent-elles que Li Kang et moi leur clouions le bec ?

Le plus calme des deux gentilshommes se retourna avec vivacité :

— Surtout pas, mon bon Fédor... il me gênerait fort que nous nous fassions déjà remarquer par quelque action d'éclat... Allons tu viens, frère ?

Ces derniers mots s'adressaient à son compagnon. Celui-ci regardait avec curiosité la chaise qui les avait dépassés de quelques pas. Le rideau assorti de satin vert venait d'être soulevé par la nacre d'un éventail. Un masque de velours noir se pencha à la portière. Ce fut très bref. Le rideau retomba aussitôt tandis que la chaise s'éloignait vers le palais du gouvernement.

Les quatre hommes reprirent leur route vers le fleuve. On entendait déjà les premières notes des violons. La rue du Quay était illuminée de mille chandelles. On se pressait aux portes de l'hôtel.

Le marquis et la marquise de Vaudreuil accueillaient leurs invités dans la grande galerie. Chacun faisait sa révérence avant de mettre son masque pour entrer dans les salons brillants.

Les deux jeunes gentilshommes avaient quitté leurs compagnons. Ils montaient le perron d'un pas ferme. Un chambellan saisit leurs invitations pour annoncer d'une voix forte :

— Monsieur le comte Adrien de Villeneuve-Caramey!

— Monsieur le marquis Floris de Portejoye !

Un léger murmure se forma autour d'eux. Leurs noms paraissaient susciter la curiosité de la colonie. De fait, le gouverneur et son épouse regardaient les nouveaux venus avec intérêt.

— Nous sommes heureux de vous accueillir au palais messieurs... Votre renommée est parvenue jusqu'à nos oreilles... Avez-vous fait bon voyage ? s'enquit aimablement le gouverneur en s'adressant plus directement au comte Adrien de Villeneuve-Caramey.

Celui-ci s'inclina :

— Fort bon Excellence, les alizés nous ont été favorables et, mise à part une méchante tempête, il ne nous aura fallu que quatre-vingt-douze jours pour gagner les côtes de la Louisiane !

— De grâce messieurs, quelle est la dernière fureur à Versailles ?

La marquise Arthémise Rigaud Cavaignol de Vaudreuil était une fort belle femme d'une trentaine d'années. Elle minaudait en se tournant vers Floris de Portejoye. Ce dernier prit un air fort grave :

— On y portait quand nous sommes partis, madame, des soies cuisse-de-nymphe-émue !

La marquise se retourna pâmée vers sa « cour ».

— Ah ! mesdames, vous entendez ! Cuisse-de-nymphe-émue... il n'y a que Versailles pour ces trouvailles... Monsieur de Portejoye, il faudra venir me raconter cela par le menu...

L'éventail de la marquise s'attardait sur le bras du beau Floris. Ses yeux verts jetèrent un éclair amusé.

— À vos ordres, madame la marquise !...

— Passez une bonne soirée messieurs et... n'oubliez pas vos masques !... conseilla le gouverneur tandis que les chambellans continuaient d'énumérer les arrivées.

— Dame Josepha de Sainte-Hermine.

— Monsieur le chevalier Gaëtan d'Artaguette !

— Monsieur le baron Populus de Protais !

— Madame la comtesse Marguerite Faucon du Manoir !

Floris et Adrien pénétrèrent dans les salons surchauffés par les flambeaux. L'ambiance était déjà fort gaie. Menuets et gavottes faisaient tourbillonner les habits passementés d'or fin avec les paniers d'églantine. Une farandole endiablée s'enroula rapidement autour des buffets. Le vieux vin de Baléron coulait à flots. On vidait les coupes avec insouciance. De jolies mains se tendirent vers Floris et Adrien. Ils avaient été vivement repérés.

— Qui êtes-vous beaux masques ?

— De pauvres étrangers cherchant l'âme sœur !

Cette réponse parut fort satisfaire. Les deux jeunes gens se laissèrent entraîner dans une gigue endiablée. Adrien avait hérité d'une jolie brunette aux longues boucles souples. Floris serrait de près une splendide rousse dont le nez spirituel relevait légèrement le loup de velours. Floris et Adrien attaquaient en hommes pressés. Le voyage en mer avait été fort solitaire quant à la présence du beau sexe. Après les quelques préliminaires d'usage, Floris jugea que sa partenaire était à point.

— Savez-vous belle amie que vous venez de voler mon cœur sur les bords du Mississipi !...

Le madrigal était assez plat. La jolie rousse ne parut pas s'en apercevoir ; Floris passait un bras ferme autour de sa taille.

Des terrasses offraient une fraîcheur accueillante au-dessus des jardins. Floris jeta un rapide coup d'œil autour de lui. Son frère Adrien venait de disparaître vers un boudoir. De nombreux masques s'égaillaient dans les bosquets. Floris entraîna rapidement sa partenaire vers la zone ombragée des bougainvillées en fleur.

— Ah ! madame, votre beauté me grise ! murmura Floris.

Un éclat de rire moqueur résonna tout proche. Floris releva la ...
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