1, Floris, fils du tsar, Floris*
EAN13
9782352871071
ISBN
978-2-35287-107-1
Éditeur
Archipoche
Date de publication
Collection
Romans français (1)
Séries
Floris (1)
Nombre de pages
448
Dimensions
17,8 x 11,1 x 2,6 cm
Poids
258 g
Langue
français
Code dewey
843
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1 - Floris, fils du tsar

Floris*

De

Archipoche

Romans français

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Une première édition de ce roman a paru sous le titre Floris, mon amour, Grasset, 1970.

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Montréal, Québec, H3N 1W3.

eISBN 978-2-3528-7424-9

Copyright © Archipoche, 2009.

Première partie

Le destin de Maximilienne

1

« Cherche, Néron », dit Maximilienne. Des appels au secours venaient du fond de la forêt. Étonnée d'abord puis inquiète, elle s'enfonça sous les arbres avec son chien.

C'était un après-midi de mai 1717. Vêtue comme à son habitude d'une robe paysanne, la comtesse de Villeneuve-Caramey se promenait aux environs de Senlis. À son allure simple, on n'aurait jamais pu deviner qu'elle était l'épouse d'un ami intime du Régent, Philippe d'Orléans.

Fort belle, avec ses longs cheveux bruns et ses yeux violets, elle s'était volontairement exilée dans son superbe château de Mortefontaine.

D'abord amoureux de sa gracieuse épouse, Amédée de Villeneuve-Caramey n'avait pas tardé à la délaisser, alors qu'elle attendait leur fils Adrien, il lui préférait les folles nuits du Palais-Royal.

Si Maximilienne avait eu quelque tendresse pour le comte, ce sentiment s'était bien vite transformé en une indifférence résignée. La jeune femme pensait qu'à vingt-deux ans sa vie était finie. Certes, il y avait Adrien, mais ce n'était encore qu'un bébé de deux ans, à qui elle ne pouvait confier ses peines. La solitude lui pesait.

« Allons, cherche, mon chien. » À mesure qu'elle avançait, les appels se faisaient de plus en plus précis, accompagnés de solides jurons.

« Sans doute un bûcheron qui s'est blessé », pensa la jeune femme. Il n'en était rien. Au pied d'un grand chêne gisait un homme qui se tenait la jambe, son cheval à quelques pas de lui. Maximilienne resta interdite. L'homme était une sorte de géant habillé de bouracan gris, sans jabot ni manchettes, mais à qui des yeux noirs dans un visage parfaitement dessiné donnaient de la grandeur et une rare beauté.

« Aide-moi à me relever, petite ! dit l'inconnu. Ce bougre de cheval a fait un faux pas et je crois bien m'être fracassé le genou ! »

Sans dire un mot, Maximilienne obéit. Un sourire se dessina sur le visage de l'homme.

« Merci, petite, sans toi j'aurais encore moisi Dieu sait combien de temps dans ce maudit bois ! »

Maximilienne prêta son épaule au bras de l'homme, et tous deux se mirent en chemin. Maximilienne avait tout à coup un sentiment de bonheur intense qu'elle ne pouvait s'expliquer. Elle osa demander :

« Qui êtes-vous ? Comment vous appelez-vous ?

— Tu es bien curieuse, répondit l'homme en riant. Je m'appelle... je suis le baron Pierre Mikhaïlof et je fais partie de l'avant-garde chargée de préparer l'arrivée de Pierre le Grand, mon maître, tsar de Moscovie. À vrai dire, je suis surtout son interprète. Que penses-tu de mon accent, petite ?

— Il est très bon, répondit Maximilienne. Jamais on ne soupçonnerait votre identité... »

Le baron Mikhaïlof éclata de rire. Un rire vivant, sauvage, franc.

« Je n'aime pas le tsar, continua-t-il, il est cruel, buveur, et joueur. Il croit que tout lui est permis. Si tu le rencontres, éloigne-toi de son chemin, il serait bien capable de te briser les reins par simple plaisir de voir souffrir ! D'ailleurs, il va sûrement passer par ici. Il a débarqué à Dunkerque voici trois jours et descend vers Paris flanquer une correction à ce coquin de Régent. »

Maximilienne écoutait tout cela, interloquée, en soutenant de son mieux ce grand gaillard. Bien qu'il souffrît beaucoup de sa jambe, il n'arrêtait pas de parler à grand renfort de gestes.

« Et toi, petite, dit-il, quel est ton nom ? Tes parents ont sans doute une ferme par ici ?

— Je suis, répondit Maximilienne, la comtesse de Villeneuve-Caramey. »

Le baron Mikhaïlof hésita quelques instants, puis éclata de rire.

« Madame la comtesse, dit-il enfin, saurai-je un jour me faire pardonner cette ridicule méprise ?

— Ce n'est pas grave, monsieur le baron, répondit Maximilienne. Être une paysanne n'a rien de déshonorant, bien au contraire. Les champs de blé que vous voyez là-bas – ils avaient atteint la lisière du bois – ne seraient rien sans nos braves paysans. Comment va votre genou ?

— Mal, je le crains, répondit le baron. Je ne pourrai reprendre mon chemin que dans quelques jours... » Maximilienne ne répondit pas, mais eut un petit sourire que le baron intercepta. Il la regardait maintenant avec intérêt.

« Et mon cheval, dit le baron, je l'ai oublié !

— Ne vous inquiétez pas, dit Maximilienne, j'enverrai un valet pour le soigner et le ramener au château.

— Merci, madame la comtesse, vous êtes une dame de France bien prévenante...

— Et vous, monsieur le baron, un étranger bien singulier, répondit Maximilienne avec un sourire.

— Je dois avouer, poursuivit le baron, que j'ai des goûts assez originaux. Je préfère voyager et m'arrêter où il me plaît, plutôt que de suivre une troupe monotone. Ainsi, je rencontre des gens, j'apprends des choses que je ne connaîtrais jamais à la cour de Moscovie. “Le prince dans les livres apprend mal ses leçons.” C'est de votre Corneille, il me semble ?

— Seriez-vous aussi un érudit? » dit Maximilienne amusée.

Elle avait la tête qui tournait. Ce diable d'homme l'étonnait et la ravissait. C'était la première fois que le destin lui offrait une telle rencontre. Le château apparut enfin. C'était une somptueuse demeure du plus pur style François Ier.

« Mon bon Grégoire, appela Maximilienne, viens vite.

— Ah ! ça, madame la comtesse, vous seriez-vous blessée ?

— Pas moi, Grégoire, mais M. le baron Mikhaïlof, qui s'est peut-être cassé la jambe ! Dépêche-toi de l'aider, et que Martine prépare la chambre bleue, et puis va vite chercher le docteur Teiller ! »

Une heure plus tard, le baron Mikhaïlof était confortablement installé au premier étage du château. Le docteur arriva quelques minutes plus tard pour examiner la plaie.

« Ce n'est pas bien grave, dit-il d'un ton rassurant. Quelques jours de repos et vous pourrez remonter à cheval. Mais il s'en est fallu de peu que vous ne vous brisiez la jambe. »

Maximilienne, après avoir veillé à l'installation de son hôte, rendit visite à son petit Adrien, avec lequel elle avait l'habitude de jouer en attendant l'heure du souper. Mais elle était trop troublée pour partager ce soir-là les jeux de l'enfant. À six heures, Grégoire vint frapper à la porte du baron Mikhaïlof :

« Mme la comtesse m'envoie prendre des nouvelles de monsieur le baron et le prie de bien vouloir lui faire l'honneur de partager sa table pour le souper.

— Dis à Mme la comtesse combien je lui suis reconnaissant de son accueil et que tout l'honneur sera pour moi. D'ailleurs cette satanée jambe me fait beaucoup moins souffrir. Veux-tu m'aider à descendre sur-le-champ ?

— Bien, monsieur le baron. Mais monsieur le baron ne pense-t-il pas qu'il vaudrait mieux...

— Allons, coupa Mikhaïlof, ce n'est pas une malheureuse blessure qui m'empêchera de descendre un escalier! En route ! »

Le baron s'appuya de tout son poids sur l'épaule du pauvre Grégoire, qui, au bas de l'escalier, suait sang et eau.

« Où est Mme la comtesse ?

— Dans la salle à manger d'été », répondit Grégoire.

Maximilienne avait relevé et bouclé ses beaux cheveux bruns et portait une robe de mousseline rose ; elle ne ressemblait plus le moins du monde à une paysanne. Pierre Mikhaïlof s'inclina et baisa la main qu'on lui tendait.

« J'espère, monsieur le baron, que vous ne manquez de rien, dit Maximilienne, et que je ne vous ai pas fait faire une imprudence, en vous conviant à mon souper.

— Je suis descendu, madame, pour avoir le plaisir de vous voir et aussi de vous parler. Il faut que j'envoie un message au tsar, pour le prévenir de mon accident. Verriez-vous un inconvénient à ce que le tsar et sa suite s'arrêtent ici une nuit ?

— Ce se...
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